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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/23

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE

Nous en pourrions donner pour unique raison le droit qu’a un écrivain de limiter, comme il lui plaît, son sujet, à condition de ne le point mutiler et d’en tirer quelque enseignement.

Mais cette limitation, un peu étroite, s’autorise aussi d’une raison intrinsèque.

À partir de sa période sceptique, Nietzsche devient ce qu’il n’était pas auparavant, un écrivain de la plus brillante lucidité. Auparavant, il était génial, mais confus. Sa pensée philosophique et sa sensibilité esthétique étaient obscurément, mais profondément divisées contre elles-mêmes ; il s’évertuait àjfondre dans une doctrine unique des théories et des goûts de nature et de provenance fort hétérogènes. Par la suite, je ne dis point qu’on ne trouve point dans son œuvre des idées ou même des séries d’idées contradictoires. Mais, prises à part, ces idées sont claires et ces séries s’enchaînent logiquement. Au contraire cette préface géniale, répétons-le, mais singulièrement mêlée et ténébreuse, de sa vie intellectuelle impose un travail de discrimina-