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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


tion du pénible et l’apparence d’une telle négation.

En quoi consiste maintenant cette apparence ? En ce que toutes traces de la violence, de l’avidité, de la mêlée des forces, des contorsions d’une chose qui se distend sont dérobées à la vue. La question essentielle est la suivante : comment cela est-il possible ?… Uniquement de manière subjective, par le moyen d’une représentation, d’un fantôme interposé... Le beau est un rêve heureux sur le visage d’un être dont les traits sourient d’espérance. Avec ce rêve, ce pressentiment en tête Faust voit « Hélène » dans chaque femme.

Chaque statue grecque peut nous enseigner que le beau n’est que négation…

La beauté apparaît lorsque les impulsions particulières marchent parallèlement, mais non pas l’une contre l’autre…

L’idée platonicienne est la chose avec la négation de l’impulsion ou l’apparence de cette négation[1].


On ne saurait affirmer avec plus de décision l’antinomie du beau et du réel. Le beau est, pour Nietzsche, la splendeur du non-vrai. Loin de rechercher le vrai des choses, le génie esthétique, selon cette théorie, s’en détourne avec

  1. T. IX, pp. 201-202.