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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


pittoresques ou sentimentales qu’ils ajoutent eux-mêmes. Mais, à ne jouir des belles œuvres instrumentales de Beethoven ou de Mozart que comme de musique, on éprouve un enthousiasme qui, pour être infiniment plus pur, n’est pas moins vif et nous rapproche certes bien davantage de la joie des Dieux. On ne peut donc imputer à l’essence de la musique ce qui semble bien être le fait d’une sensibilité musicale un peu épaisse. Et s’il y a telle musique qui n’a vraiment d’action que comme excitant d’imaginations visuelles ou sentimentales, est-ce de la musique belle ? N’est-elle pas la fille du trouble et du nuage plutôt que la fille des Muses ? Est-ce vraiment de la musique ?

1. — Enfin cette impression d’aspiration sans terme, de tendance éternellement inassouvie, qui serait, d’après cette théorie, l’impression caractéristique de la musique, pourrait bien être le propre d’une certaine musique, de celle, par exemple, qui cultive la « mélodie infinie », et d’une certaine catégorie d’auditeurs. Il y aurait donc