Page:Latil - Les Éphémères, 1841.djvu/98

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Et ton talent, poète, au milieu de son cours
Se verrait, en ces lieux, obscurci pour toujours !
Profitant du sommeil de ta muse chérie,
Ils répandraient sur toi le fiel de l’ironie,
Et, fiers de leurs écrits, leur sotte vanité
Rirait de son triomphe avec impunité !
Non, non, tous les écrits et tous les commentaires
De ces censeurs nouveaux, insectes littéraires,
Jamais de tes beaux vers ne terniront l’éclat.
Que fait à ton talent l’ignoble plagiat
D’un critique en courroux ? son impuissant outrage
N’est que de son envie un éclatant hommage.
Poursuis ton vol rapide et ne t’étonne pas
Si tu vois la critique attachée à tes pas ;
Laisse gronder l’envie et relève la tête,
Comme un chêne puissant qui brave la tempête.
Vois cet aigle orgueilleux planer au haut des cieux :
Il méprise le ver qui rampe sous ses yeux.
Le fier Chimborazo, qu’assaille un noir orage,
Calme et majestueux, rit de sa vaine rage.