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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/122

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ver le repos de l’esprit, et que l’attention que des objets nouveaux m’obligeraient de prendre, détourna ma pensée des souvenirs trop récents et trop cruels qui l’affaissait.

Avant de partir, j’eus la précaution, suivant le bill du Parliament concernant les alliens, de demander un passeport au Ministere ; j’en reçus un des plus étendus, ayant par lui la permission d’aller par toute la Grande Bretagne, except his Majesty’s dock yard. Et m’étant muni d’une lettre générale de recommandation de Mr Hanckey, marchand de Londres, après avoir pris congé de mes amis, et de mes parens, je quittai cette ville, me résignant entierement a mon déstin, et croyant fermement, que puisque les émigrés y avaient rencontrés les hommes le plus bienfaisants, et qu’ils y avaient reçu l’accueil le plus amical, tant de la part du gouvernement que des individus, quoiqu’aussi parmi ceux pensant différément, on ait souvent rencontré des façons de faire bien differente, je trouverais par le pays des uns et des autres ; ce qui ne servirait pas peu, a me faire connaitre l’opinion générale des habitans, qui quoique très partagés, et éxtrêmement divisés, ne laissent pas de vivre pai-