Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/33

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Helas ! j’imaginais que c’etait pour peu de tems. Eussai-je jamais du penser que je ne les verrais peutêtre plus ! Ils s’en fallait de beaucoup qu’ils en eussent l’idée ; car plusieurs d’entre eux me dirent, quoique nous nous reverrons dans peu de temps, cependant comme vraisemblablement vous verrez nos parents avant nous, donnez leur de nos nouvelles, dites leur dans quel état vous nous avez laissé, et que nous ne tarderons pas a vous suivre. J’acceptai très gravement toutes leurs commissions et leur compliments ; et si je ne les ai pas mis a execution, la faute en est aux Prussiens, qui n’ont pas voulu y consentir.

Enfin nous partimes deux heures avant le jour. Il semblait que les élémens allaient se confondre, je n’ai de ma vie vu un tel orage ; cependant il nous fallut sortir de nos tentes, séller et brider nos chevaux effrayes du tonnere, et de la pluie a verse qui les inondait. Pour éviter de passer près de Mets on nous fit prendre la traverse dans les montagnes du coté de Longwi, et en cinq jours de temps nous arrivâmes sous les murs de Verdun. Nous fumes cantonés dans les villages aux environs,