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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/75

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dans cet équipage burlesque encore affublé de mon grand sabre et de mon uniforme ; la larme a l’œil et le cœur saignanr, je laissai derrière moi dans la plus grande misere mes anciens camarades de page et du régiment, le corps ou j’avais fait la campagne, les vains projets, et le chimérique espoir qui nous avaient tous bercé a son commencement.

Malgré la prudente précaution que je prenais de temps en temps, d’aller a pied et de débailloner mon pauvre animal pour lui laisser paitre en liberté quelque misérables navets qu’on avait laissé dans les champs, j’eus beaucoup de peine a me rendre a Maestricht ; trois fois il s’agenouilla, et fit une pause sur le chemin, une entre autres je fus obligé de le soulever par la tête et la queue, avec des bâtons sous le ventre en forme de levier, il y avait six hommes après lui, et c’est tout ce qu’ils purent faire que de le rémettre sur ses pieds ; cependant ils y reussirent, et après lui avoir fait avaller une pinte de bierre, j’eus l’audace de me remettre en selle, et d’affronter de nouvelles génufléxions.

Apres quelques autres contretemps, j’arrivai heureusement avec tous mes membres a