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Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/116

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de sa paroisse ; parce que les Anglais ont une chambre des pairs héréditaire, et une chambre des communes, qui l’est presque ; ils ne peuvent pas s’imaginer qu’aucune nation dans le monde puisse être heureuse et libre sans ces deux choses, ou du moins sans leurs noms, car c’en est assez pour le peuple en tout pays.

Ainsi l’on voit certaines nations en Europe, dont les sots admirent le gouvernement libre, parce qu’on voit en lettres d’or, le mot libertas, écrit par-tout, même sur la porte de la prison[1] ; tandis que l’on traite d’esclaves et de lâches, d’autres qui ont de très-grands priviléges, et vivent tranquilles et heureuses, parce que leurs souverains disent dans leurs édits, tel est notre bon plaisir. C’est ainsi que la pauvre humanité a toujours été menée par des sons, et que tel misérable et esclave des cent mille tyrans qui déchirent sa patrie, se croit libre, parce que son pays s’appelle une république ; tandis qu’un autre très-indépendant, n’obéissant qu’aux lois, payant ses impositions, et vivant heureux sur sa terre avec sa femme et ses enfans, se croit esclave parce que quelques grimauds ont dit que son souverain était despote.

  1. À Lucques et à Gênes, le mot libertas était en lettres d’or sur toutes les portes. On le voit aussi sur le revers d’un chapeau, que tient une statue au-dessus des fers et des chaînes de la porte de Newgate, la principale prison de Londres.