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Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/239

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Mais je crois à propos pour moi, de ne pas plaisanter davantage, car la bile des honnêtes gens dont je parle, est fort aisée à émouvoir, un d’eux qui s’entendait appeler a true Scot[1], par un perroquet dans Hollborn à Londres, lui dit qu’il était bien heureux de n’être qu’une oie verte, car autrement il lui apprendrait à vivre. Un des chefs de la ligue américaine, ayant dit en riant à un Écossais qui dînait chez lui, « J’espère, monsieur, que vous ne vous offenserez pas de m’entendre dire du mal des Écossais quand je serai gris, car c’est ma coutume et je ne saurais m’en empêcher ». — « J’espère aussi, monsieur, lui dit l’autre, que vous voudrez

  1. A true Scot that sells his king for a groat, un véritable Scot, qui vend son roi pour un groat (6 sous). L’origine de cette insulte, qu’effectivement les marchands d’oiseaux dans Hollborn à Londres, apprennent à répéter aux perroquets, vient de longue date. Le malheureux Charles premier, poursuivi et chassé par ses ennemis, (espérant plus de compassion parmi les Écossais, sur qui sa maison avait régné si long-temps), se livra de lui-même entre leurs mains ; il fut d’abord traité avec quelques égards ; mais il avait à faire à des fanatiques enragés, qui avaient résolu sa ruine. Le parlement anglais le réclama et offrit aux chefs de l’armée écossaise, une gratification de..... (je ne me rappelle pas bien exactement la somme), afin de le lui livrer. Ce marché honteux fut accepté, et ce qui revint à chaque soldat, ne monta qu’à trois pences (six sous), qu’on appelait alors un groat.