Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/33

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moins on vous laissait passer et même il y a plusieurs exemples de gens de la première qualité, descendant de leur voiture, à la vue d’un émigré embarrassé et n’osant s’adresser à personne, lui demander en français où il voulait aller, et lui indiquer son chemin ; d’autres, (comme une personne que je rencontrai) les conduisant à une grande distance ; il y a cela de remarquable, que parmi les personnes du commun que l’on rencontrait dans les rues, il n’y en avait pas une qui en passant près d’un Français émigré n’exprimât le sentiment qui l’animait. S’il était royaliste, c’était une plainte en sa faveur, ou quelque chose de flatteur ; s’il était républicain, ou jacobin, c’était une impertinence. Après quelque temps je me suis trouvé si bien accoutumé à tout cela, que je n’y faisais pas la plus légère attention.

Les premiers jours de mon arrivée à Londres, furent employés à parcourir la ville, sans aucun but déterminé, le tout afin de connaître où j’étais. Le hasard dans ma course, m’offrit de superbes monumens. St. Paul est assurément un des plus beaux édifices de l’Europe ; son portail est de la plus grande noblesse, et même à mon avis, plus beau que celui de St. Pierre à Rome. Mais aussi quelle incroyable différence, tant pour la position, qui est étroite et mauvaise à Londres, que pour l’intérieur. Qui a vu le portail de St. Paul a tout vu ! C’est au premier pas que l’on fait dans l’église