Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/52

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Qu’un hyppocondriaque, pour soulager sa bile se plaise à faire une caricature ridicule d’une nation souvent ennemie de la sienne, passe, c’est tout simple ; mais que l’on répète soigneusement les fadaises qui lui sont échappées dans les livres élémentaires et de géographie ; voilà ce que sans crainte, on peut qualifier de sottise et de stupidité sans pareilles. Eh bien ! qu’on ouvre tous les livres de géographie imprimés en Angleterre, je mets en fait qu’il n’en est peut-être pas un seul où ces puérilités ne se trouvent ; j’en ai vu un imprimé en 1798, où la tirade Bedlamite[1] de Smollet sur les bottes fortes, la longue queue, les grenouilles, la soupe maigre, la Bastille et les moines se trouvait toute entière.

Il est vraiment singulier et digne de remarque comment ces idées burlesques en elles-mêmes, induisent les Anglais à se croire d’une race supérieure aux autres hommes, que la providence n’a répandus sur la terre, qu’afin de leur procurer de la gloire et de l’agrément. En France au contraire, je n’ai jamais entendu parler avec mépris, de la manière dont les Anglais vivent chez eux : je ne les ai jamais vu représenter sur les théâtres, d’une manière très-ridicule : on leur donne presque toujours un caractère brusque, brutal peut-être, mais noble et généreux ; cela ne viendrait-il pas de ce

  1. Bedlam est l’hôpital des fous enragés à Londres.