Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/77

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chemins qui y conduisent. Son aspect n’annonce pas qu’aucune espèce de manufacture y soit établie. Je me rappelle avoir vu, une inscription où un certain homme y donne avis au public, qu’il lui est redevable d’un sentier large de deux pieds, qu’il a fait paver à ses frais, depuis le village jusqu’à l’église. De tels gens, sont payés par la pierre qui porte leur nom : le public leur a peu d’obligation, car c’est pour avoir l’honneur de passer à la postérité à très-bon marché, qu’ils lui ont rendu service.

Bientôt, du sommet de la montagne qui domine Bath, j’aperçus la belle vallée de l’Avon, et la ville superbe qui l’embellit encore, son agréable situation, beaucoup plus que les eaux minérales, y attire cette foule de riches oisifs, qui y répandent l’abondance et les plaisirs. Quoiqu’à plus de quatre milles, j’arrivai dans un moment, et oubliant la fatigue de ma longue marche, je commençai à parcourir la ville ; à chaque pas, je voyais des gens qui m’examinaient des pieds à la tête, ricannaient, et se parlaient à l’oreille ; ce fut bien pis lorsque je voulus chercher à me loger, quoique j’employasse les termes les plus honnêtes, les auberges étaient toujours pleines ; on ne pouvait pas me recevoir, disait-on, en regardant mes bottes et mes cheveux. — Après bien des réflexions, j’avisai qu’il était dimanche, qu’il y avait de la poussière sur mes bottes, et qu’il n’y