Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/80

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à l’ouest particulièrement ; on arrive par une pente aisée, sur un terrain qui ne semble pas beaucoup plus élevé que le niveau de la ville ; après un mille de marche à-peu-près, tout-à-coup le terrain cesse, un vaste et profond précipice s’ouvre, au milieu duquel on voit couler l’Avon, et où les vaisseaux vont et viennent sous les pieds du spectateur, à une profondeur de plus de trois cents pieds.

Un jour je fus visiter les eaux minérales de Bristol, elles sont situées au pied d’un roc, qui forme le précipice dont j’ai déjà parlé ; les médecins y envoient leurs malades, lorsqu’ils ne savent plus qu’en faire. C’est un spectacle cruel, que celui des moribonds poulmoniques, que l’on rencontre à la pompe, et aux autres places publiques. On va souvent aux autres eaux, pour les amusemens qui s’y trouvent, c’est bien rarement le cas ici. Cette eau n’a presque point de goût, et est plus froide que chaude ; elle a la réputation d’être bonne pour la poitrine : qu’elle ait cette qualité, ou qu’elle ne l’ait pas, voilà ce que je n’oserais pas examiner, crainte d’ôter l’espérance aux malades qui la regardent comme leur dernière ressource.

L’apathie qui tient les personnes qui demeurent aux eaux de Bristol, a quelque chose de bien remarquable : la poulmonie est une espèce de maladie de langueur, qui laisse souvent libres