Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les registres de la cure sont curieux à parcourir, c’est d’eux que j’ai appris les détails que l’on a vus depuis la page 207.

On est très-peu accoutumé à voir des étrangers dans cette ci-devant capitale du royaume, et mon accent réjouit fort les gens de l'auberge et du pays, quoique je fisse de mon mieux pour exprimer ce que je voulais, dans leur gothique bâtard, vulgairement appelé suédois ; ils ne voulaient pas n’entendre, riaient et ne se gênaient guères, sous prétexte que je n’entendais pas la langue que leur nourrice leur avait apprise. Ma situation ici n’était pas très-différente de celle dont le conte suivant fait mention.


Un Anglais, dont l’argent bien placé sur la banque,
__Le délivrait de tous mondains soucis
Pour se désennuyer, arpentait le pays.
Car ce n’est pas le tout, d’être contre le manque
________Pleinement rassuré,
__L’on veut encor n’être pas désœuvré.

Malheureux, qui n’a plus de crainte ou d’espérance !
C'est le destin, dit-on, des diables en enfer.
Ah ! mon Dieu ! que je plains ce pauvre Lucifer !
__Notre homme donc, tout seul vaguait en France,
Sans cependant savoir quelques mots de français,
__De son argent la touchante éloquence,
Dans les cités, lui valait des succès ;
Mais une fois (je crois que c'était en Bretagne