Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/246

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Dans un enclos de la ferme d’Ekolsund, il y avait deux rennes mâles et femelles : lors de mon premier passage, je les avais vus avec leurs cornes qui semblaient des os desséchés : elles étaient tombées depuis et repoussaient alors. Ils étaient fort privés et mangeaient dans la main leur mousse blanche, mêlée de glace : je m’attendais a les trouver beaucoup plus forts ; ceux-ci ne l’étaient pas davantage que des daims ordinaires. La furie que l’on m’a dit quelquefois les posséder et qui les fait attaquer leurs conducteurs, me parait bien peu à craindre. Sans trop se gêner, il m’a semblé qu’un homme, sans armes, pourrait tordre le cou à une demi-douzaine.

La mousse dont les rennes se nourrissent, est fort délicate : on la mâche aisément ; elle a un petit goût de champignon point désagréable : on s’en sert depuis quelque temps dans la médecine, sous le nom de mousse islandique. Les Lapons la préparent comme une espèce de gelée et s’en nourrissent quelquefois, j’en ai goûté moi-même, et quand la gelée est froide, avec un peu de lait et de sucre cela n’est pas mauvais.

On sait que ce joli petit cerf (le Renne) est tout pour les Lapons, c’est par la quantité qu’ils en possèdent qu’un homme est réputé riche ; car quoiqu'ils aiment assez l’argent et qu’il y en ait