Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/58

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profondeur, et un courant si rapide qu’a peine on voit passer les blocs de bois qui le descendent.

À trois différentes reprises, il a osé jeter les premières fondations de sa chaussée ; et chaque fois à la distance de quelques pieds du rivage, le torrent a tout emporté. On fut enfin obligé d’y renoncer tout-à-fait et les travaux immenses des différentes écluses devinrent inutiles. Il semblerait qu’avant de les commencer, on aurait dû s’assurer du succès de la chaussée.

L'ingénieur qui avait la complaisance de nous faire voir ces travaux, le directeur Nordwall, croyait que le plan n’était pas impraticable, quoique très-difficile. Le premier objet devait être de jeter dans le torrent une masse assez lourde et assez grosse, pour qu’il ne pût pas l’emporter ; en conséquence, il croyait qu’on aurait pu faire une chambre dans l’intérieur de la montagne, qui est presque perpendiculaire au-dessus, la remplir d’une vingtaine de tonneaux de poudre et la faire sauter en l’air ; les plus gros morceaux ne se seraient pas éloignés et seraient vraisemblablement tombes dans la rivière ; sur les roches qui s’y seraient arrêtées, on aurait alors commencé à bâtir la chaussée.

Quoi qu’il en soit de ces idées, qui semblent appartenir à une race de géans, l’association qui