Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/23

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m’en donne pas, je mets le feu à la glacière.

Le premier de juillet était passé depuis longtemps : c’était l’époque que l’ordonnance avait fixée pour ne plus boire de café dans toute la Suède. Je ne puis pas dire en avoir bu depuis : mais la manière étrange de boire le thé brun, qui l’avait remplacé, me le faisait paraître bien préférable. Après le diner, la maîtresse de la maison faisait dire aux hommes les uns après les autres, qu’elle voulait leur parler en particulier ; moi, j’ai cru que c'était quelques bonnes aventures, mais non, le tout était pour vous présenter du thé brun.


Chacun connaît l’histoire de la pomme,
Qui par Satan damna le premier homme.
Le méchant fruit ! eût-il été permis,
Nous serions tous encore en paradis :
Et Madame Eve avait le goût trop exquis,
Pour s’amuser à pareilles fadaises,
Quand à foison, elle avait au jardin,
Des abricots, des pêches et des fraises.
Mais la défense enhardit le malin,
Et notre mère en approcha soudain.
Pour le garder, qu’eût-il donc fallu faire ?
Ma foi ! je crois qu’il eût fallu se taire,
Ou seulement lui dire avec mystère,
Que ce beau fruit lui durcirait le tein,
Ou que son jus ferait tomber son sein.