Aller au contenu

Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tête d’une armée formidable, qui put par sa force, faire taire tous les partis et rétablir le bon ordre sans coup férir et sans répandre de sang, si cela eut été possible, cela eut valu infiniment mieux que l’autre, mais l’éxpérience à malheureusement prouvé depuis, le peu de solidité qu’il y avait à se fier, à l’amitié et au zéle des puissances étrangères.

Malgré les apparences hostiles, les communications avec la France, étaient entièrement libres et l’on conservait toujours l’ancienne étiquette, d’aller chez l’ambassadeur, qui présentait les gentils-hommes au roy de Sardaigne, et les faisait introduire au Casino de la noblesse, par son sécrétaire d’ambassade ; cependant je me rappelle que l’on se croyait déja si près du moment d’agir, qu’il y eut des personnes qui vinrent en poste à franc-étriers, du fond de la Bretagne, (plus de 900 miles)..... elles ont eu le temps de se reposer.

Ne trouvant donc rien à faire à Turin, je pris le parti de faire le tour d’Italie, pour occuper mon hyver ; je passai le Carnaval à Venise comme les rois dethronés, je fus à Rome baiser la mule du pape et j’en revins tout chargé de pardons, comme un diable de papefiguiere *.


Pour un conteur de voyage, on ne saurait nier, que le détail de ma promenade en Italie, ne soit d’un style fort extraordinaire et rare. C’est un si grand mérite d’être bref et laconique dans ces sortes de matiere, que je suis persuadé qu’on m’en saura gré, surtout quand on se rappéllera l’assommante longueur et l’enthousiasme bouffi et affécté de plusieurs de mes prédécesseurs que je ne veus point nommer, car je serais faché de faire du tort. .... même à un rat. Comme le comte d’Artois menait à Venise une vie tres retirée, je n’eusse