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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/174

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Effrayé de la proposition, le postillon s’imaginant qu’il serait pendu s’il allait plus loin, refusa encore plus obstinément de marcher ; je tiens de quelqun, à qui dit quelques tems après, que si au lieu de lui offrir cent louis, on lui eut présenté, un écu de six francs, en le menaçant en cas de refus, de lui briller la cervelle, il n’aurait pas fait la moindre difficulté ; mais éffrayé par la somme qui lui était offerte, il cria à l’aristocrate qui veut s’echaper. Deux sentinelles de la garde nationalle, qui étaient à quelques distance, s’approcherent et pointeront leurs fusils sur la voiture, menaçant de tirer dessus, si l’on bougeait, quoiqu’ils ne fussent pas chargés.

Un grand nombre de gens, s’assembla bientôt, et le maitre de poste de Ste. Menehoult arriva dans ce moment ; voyant le tumulte, il se mêla aux autres et renversa une Charette sur le pont. L’on proposa au roy, d’aller à la municipalité, et de faire viser son passeport, il y consentit.

Les cinquante Hussards, qui devaient protéger le passage, d’un trésor disait-on, pour le payement des troupes des garnisons frontieres, après avoir attendu deux heures plus tard que celle, à laquelle on leur avait dit qu’il devait passer, avaient reçu ordre de se retirer ; le commandant, qui n’était pas dans le secret, imaginant naturellement que le passage était retardé. Averti par le bruit, il se rendit sur la place qui était couverte de monde et apprenant que le roy était la cause de ce tumulte, il s’approcha de sa majésté et lui demanda ses ordres. Le roy répondit qu’il voulait aller à l’hôtel de ville, et défendit de rien faire pour favoriser son