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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/204

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ce qui joint à son age, à sa réputation et à quelques mots flatteurs qui lui échapperent, éleverent nos éspérances au plus haut dégrès.

On assure que s'addréssant au Maréchal de Broglio, et au prince de Condé, il leur dit, je viens de passer sur des terres couvertes de vos exploits. Faisant allusion à Berghen prés Francfort, où le Maréchal de Broglio l’avait défait vingt cinq ans avant, et à un autre endroit où il avait reçu un échéc du prince de Condé. Cette modéstie, lui attira l’hommage de ses vainqueurs, et le montra en effet, digne de prétendre à l’honneur de les commander.

Son panégyric était dans toutes les bouches ; je me rappelle une piece de vers, où la coalition des rois de l’Europe, contre l’anarchie de France, était comparée à celle des rois Grecs, sous Agamémnon, mais pour un sujet beaucoup plus légitime. Le motif des Grecs était de venger le ridicule affront, que la femme d’un d’eux avait fait à son mari ; ici c’était pour délivrer un roy malheureux, prisonnier de la plus basse classe de ses sujets rébelles, lui rendre son scéptre et sa couronne, faire cèsser les angoisses de sa famille, châtier les mutins et les obliger à se tenir tranquilles, en rendant la force aux loix ; assurer les propriétés et forcer les brigands qui s’en étaient saisis, à les rendre à leur légitimes possesseurs.

Le poëte par ses éxpressions, n’était que l’interpréte des sentimens généraux, et tels étaient les motifs honorables, qui animaient le grand nombre de la noblesse émigrée, et qui avaient engagé les propriétaires, à laisser ce qu’ils avaient