Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/212

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du prince de Condé n’a pas été employée bien activement :


avoit choisi, est forcé dans un point, il faut faire retraite et Dieu sait quelle retraite, tu en jugeras quand je te dirai, que c’est nos équipages qui ont formé l’arrière garde à toute l’armée.

Tu ne peus te représenter la desolation de tout le pays ; Haguenau surtout, dont les habitans nous avaient accueillis avec tant de joie ; comme les en voila recompensé ! tout ce qui a pu fuir pour échapper aux patriotes, l’a fait : toutes les routes étoient couvertes de voitures, mais malheureusement, aucune route n’avoit été préparée d’avance. Personne n’avoit prévu l’événement et le peu qu’il y en avoit, étoit si mauvais, si peu praticable à cause de la mauvaise saison, qu’une grand partie est tombée entre les mains des patriotes. Ceux des village, plus éloignés ont été avertis un peu plus à tems et en ont profités pour sauver eux et une partie de leurs éffets.

Partout où nous avons passé, nous n’avons trouvés qu’un désert ; le peu d’habitant qui étoit résté, n’attendait que notre départ pour abandonner ses foyers. Je ne veut ajouter au détail de notre retraite, qu’un seul trait, parce qu’il nous regarde personnellement, c’est que nos plus grands ennemis n’étoient pas les patriotes, mais bien les Autrichiens ; sua avec qui nous étions logé pelle mêle, dans les villages, nous pilloient aussi bien que possible voici comme ces messieurs s’y prenaient pour piller plus à leur aise ; ils repandoient eue mêmes des alertes, à les encroire on avoit à peine le tems de se rendre à son poste, chacun y couroit ; tout ce qui étoit oublié dans ces moment de presse, n’était plue à revoir ; ils étoient aux aguets et à peine était on sorti de la maison, qu’ils y entroient et faisoient main basse sûr tout ce qui s’y trouvoit. Je dois dire à la louange des Vallaques, que je ne connois pas de troupes plus allertes, pour ces sortes de coups de main.

En voila assez de dit sur notre retraite, d’autant que tu t’es déja trouvé à une qui à tous les égards, valoit bien la nôtre et qui te donnera la facilité de deviner tout ce que je n’ai pas dit. Encore une refléxion, comme en passant, c’en que les automnes ne nous sont gueres favorables, les papiers publics, t’auront sans doute appris quelques affaires, où notre petite armée a pu se distinguer : parmi celles là, celles du 2 et 8 Décembre ne doivent pas être oubliés, surtout celle du 2 où nos trois princes, ont chargé les patriotes ; l’un, (le prince de Condé) à ta tête de l’infanterie la bayonette au bout du fusil, et les 2 fils, à la tête de la cavalerie. Le Duc de Bourbon a été blessé d’un coup de sabre à la main droite assez grièvement : l'on espère cependant qu’il n’en sera pas estropié ; nous n’avions pas besoin de cela, pour être persuadé de la bravoure de nos princes : mais avec cela il faut y avoir été, pour juger de la bravoure, du sang froid, de la présence d’esprit, surtout du Prince de Condé.