Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/33

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et d’un édit en faveur des protestants ; dans le courant de son discours, il lui reprocha ses prétensions indiscrettes et parla avec amertume du passé, qui semblait avoir été pardonné : ayant ensuite permis aux magistrats de donner librement leurs opinions, la discussion dura tres longtemps, et lorsque tout le monde eut parlé, il se leva et ordonna que les édits fussent enrégistrés sur le champ, sans plus de délai.

Le Duc d’Orleans se leva tout à coup, et declarant que c’était une violation des priviléges du parlement, il protesta contre tout ce qui s’était fait.

Le roy étonné, répéta ses ordres et quittant l’assemblée, retourna sur le champ à Versailles, sans avoir mangé du jour. Après son départ, le parlement se joignit à la protéstation du Duc d’Orleans, et annulla la séance, les voix des differents membres n’ayant pas été comptés.

Le lendemain au soir, le baron de Breteuil présenta une lettre du roy au Duc d’Orleans, qui lui faisait connaitre, que sa majesté avait raison d’être mécontente de sa conduite et l’envoyait en éxil à Villers-cotrets, une de ses terres. Le même jour aussi, deux membres du parlement, l’Abbé Sabbatier, et Mr. Fréteau, qui avaient montré plus de chaleur la veille dans la discussion, reçurent des lettres de cachet, et furent conduits, l’un au mont St. Michel, et l’autre au chateau de Ham en Picardie.

Le parlement se rendit le jour suivant, à Versailles, et le président éxprima au roy son étonnement en apprenant l’exil du premier prince du sang, et l’arréstation de deux magistrats, pour avoir déclaré en sa présence, ce que leur devoir et leur conscience leur avait dicté, après surtout que sa majésté les