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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/57

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m’a semblé que c’est un sujet peu ou point connu, qui pourra jeter de la lumiere sur celui que je traite et me raménera tout naturellement, au fil des événemens, dont cette province, a plus que toute autre été le théatre.

Pendant un long cours de siecles, la Bretagne avait eu ses souverains, qui la gouvernaient par ses lois : elle avait ses usages, ses manieres et même un language particulier dérivé du Celtic, que les habitans de la partie du nord, appellée basse Bretagne, parlent encore, et qui servait à entretenir ces préjugés et cette animosité, qui éxiste toujours entre deux nations voisines, particulierement pour la plus faible.

Cette province depuis un tems immémorial, avait ses états qui devaient être assemblés tous les deux ans. Eux seuls, avaient le droit de fixer les impositions et d’établir de nouvelles loix. La composition de ces états était fort simple, il semblait que nos peres eussent autant que possible voulu éviter la corruption et les intrigues, qui suivent toujours les éléctions.

Les représentans du clergé consistaient d’un certain nombre d’Abbés, qui avaient le droit d’y siéger, par leur bénéfice, son président était celui des états et pour éviter la brigue, était toujours l’évêque du lieu, où ils se tenaient.

Tout gentilhomme né en Bretagne, agé de 25 ans, et pouvant prouver plus de cent ans de noblesse, y était admis, quelque fut sa fortune.

Il y avait cinq baronnies, dont celui d’entre les possesseurs qui se trouvait présent, présidait la noblesse de droit ;