Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérèts étaient compromis par les nouveaux établissemens, qui loin d’être à redouter pour le peuple, étaient tout en sa faveur. On lui reprochait son orgueil et sa hauteur, on l’accusait de ne regarder le tiers, que comme une éspéce tres inférieure ; dans plusieurs villes, on lui chercha des sujets de querelle aussi absurdes, que celui de Nantes.

On fit si bien enfin, que quelques semaines après que les gentils-hommes eussent été reçu avec les démonstrations de la joye la plus vive, qu’on eut élevé leur courage et leur patriotisme, au dessus de tout ce qu’on pouvait imaginer, le peuple les regarda comme des tyrans, qui ne pensaient à rien d’autre qu’à le mettre, sous de beaux semblants, dans un ésclavage honteux et à l’obliger à payer toutes les taxes.

C’est à ce moment, que commença l’animosité, qui ne tarda pas à se développer contre la noblesse : elle ne se montrait alors, que dans cette seule province, mais comme les reproches injustes, qui étaient faits à celle de Bretagne, pouvaient aussi s’apliquer à celle du reste du royaume, la fureur ne tarda pas à se répandre au loin.

Ce fut dans ces circonstances malheureuses, que la cour trouva bon, de convoquer les états de Bretagne ; il est à croire, par la division et les intrigues qui se manifesterent à leur ouverture, que l’on voulait essayer la nouvelle forme qu’avait indiqué l’archevêque de Toulouse, pour les assemblées provinciales du reste du royaume. Le tiers y vint avec les prétensions les plus outrageuses à la constitution de la province ; elles se déployerent dès la premiere