Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/107

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actif ? Le prix du travail de sa journée, suffit à peine pour le maintenir lui et sa famille : le prix des denrées est plus que triplé et cependant le prix du travail est le même. Presque par toute l’Irlande le laboureur ne gagne que six pences par jour : sa femme et ses enfans sont sans espoir de rien gagner dans les pays où il n’y a pas de manufacture. Que peut donc faire cette famille malheureuse ? les six pences servent à lui fournir des pommes de terre et de l’eau. Que le pere tombe malade où meure, la pauvre mere est obligée de quitter le pays avec ses enfants et d’aller mendier une horrible subsistance.

Maudit soit l’homme cruel qui le premier osa se faire un jeu de la misere de son semblable : c’est une ruse éffroyable de l’avarice, car aussitôt que l’on a ri du mal d’autrui, on se croit dispensé de le secourir.

Je me transportai à Cove qui est le port de Cork, dix à douze milles plus bas, à l’embouchure de la rivière : c’est une des plus jolies bayes et des plus sures de l’Europe ; je fus parfaitement reçu du brave général Vallancey à qui je présentai la derniere lettre que j’avais de Mr. Burton Conyngham. Les recherches sur les antiquités d’Irlande du Général Vallancey sont connues dans le monde littéraire : il a peutêtre poussé un peu loin l’on enthousiasme pour la langue Irlandaise, dans laquelle (quoique Anglais) il a fait des progrès surprenans ; il la prétend presqu’aussi ancienne que le monde, et peutêtre même celle dont Adam et Eve se servaient : la mère générale de toutes les langues de l’univers