Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/122

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La vie de Juif-Errant me convenait si bien, que quoique je fusse presque tous les jours mouillé jusqu’à la peau et que je fatiguasse souvent comme un beau diable, j’engraissais à vùe d’œil. Tantôt bien, tantôt mal, je savais jouir de l’un sans me désespérer de l’autre. Me laissant guider par une bonne providence, j’avais mis les peines et les soucis de ce monde entièrement de côté. Mon bagage en sautoir, où dans ma poche, j’allais, je courais, j’éxaminais : la nature s’offrait à moi sous toutes les formes : de nouvelles scênes m’occupaient et m’instruisaient. Avant la révolution, je n’étais habitant que d’un petit coin de terre : l’émigration m’avait rendu citoyen de l’univers, le monde entier semblait m’appartenir."


Ail places, that the eye of heaven visits,
Are to a wise man, ports and happy haven.
. . . . . . . . Now, no way can I stray,
Save back to (France) all the world is my way.


Après tout, il était fort simple que mon voyage me rendit la santé plus vigoureuse, car au bout du compte, la fatigue que je prenais était assez modérée. Par le grand nombre de lettres de recommendations que j’avais, j’étais presque certain de trouver le soir a good quarter. J’allais littérallement de maisons en maisons, d’où c’était souvent avec peine que je parvenais à m’échapper le troisieme eù le quatrieme jour, et si j’eusse cru plusieurs des personnes chez qui j’ai été, j’aurais fini ma promenade chez elles. Quoique cela puisse sembler préférable à bien des gens, que de courir le