de la vieille Eglise que les paysans veulent être enterrés et il n’y a aucune raison qui put les en empêcher ; on a souvent cherché ici à désigner un autre endroit pour la sépulture, mais on n’a jamais pu y réussir. Cependant ce serait une chose fort nécéssaire, car en outre qu’il y a, au dessus du roc, à peine assez de terre pour couvrir les morts, le cimetierre est si plein, qu’il semblerait à propos de n’y pas toucher pour quelque temps. Cela ne les inquiète guères, les morts d’un an où deux, font place à ceux du jour et j’ai vu dans cette horrible large voute plus d’un crâne, encore couvert de cheveux.
Il y a quelques années qu’un homme d’assez bonne mine s’établit dans une des chambres ruinées de cette Abbaye. Il fit son lit avec les planches qui avaient servies aux cercueils et le plaça dans l’embrasure de la fenêtre, qui était le seul endroit couvert dans la chambre : il s’acquit bientôt une réputation de sainteté singuliere, les paysans lui apportaient des vivres et les gens riches l’invitaient quelques fois à leur table, où il se comportait avec les manieres d’un homme accoutumé à la bonne compagnie. Lors qu’on lui demandait la raison de sa pénitence, il répondait " qu’il n’en pourrait jamais faire assez pour expier ses crimes. " C’était un bel homme et l’on m’a rapporté que s’appercevant qu’une dame le fixait avec attention. " Prenez garde à ces yeux : dit il ils ont fait bien du mal. " Il a demeuré à-peu-près deux ans dans cette solitude mélancolique et a enfin disparu. On a formé bien des conjectures sur ce qu’il pouvait être et on a fait bien des histoires sur sa conduite pendant son séjour à