ses avis. S’il guérissait de son mal, il lui faudrait mourir de faim pour payer le médecin et s’il en mourait, sa femme aurait alors double dépence à faire.
Je fus témoin, d’une scêne assez originale quelques jours après ; entendant la cloche d’enterrement, je me rendis sur le passage, pour observer comment les choses se passeraient ; c’était une pauvre femme que l’on portait à sa derniere demeure : le cerceuil était comme à l’ordinaire, entouré d’un nombre prodigieux de femelles, qui pleuraient et chantaient leur ululu en chorus : les hommes les regardaient avec assez d’indifférence ; lorsque la funéraille fut arrivée à la tête du T, la dispute la plus singuliere s’éleva tout-à-coup, entre le mari et le frere de la défunte ; un des chemins conduisait à l’abbaye de Muccruss, où était la sépulture de la famille du mari et l’autre à Aghadoe où était celle du frere ; celui-ci prétendait faire marcher le convoi de son côté, et le mari du sien ; les amis de deux partis tiraient la pauvre morte chacun de leur côté, mais voyant qu’ils ne pouvaient venir à bout de l’arracher des mains de leurs adversaires : d’un accord commun, ils déposerent la bierre dans la rue et commencerent un combat vigoureux, pour déterminer à grand coups de bâtons, de quel côté on ferait marcher la pauvre défunte ; j’étais alors avec le ministre de la Paroisse, Mr. Herbert, qui en était aussi le juge de paix, il s’élançat avec courage au milieu de la bagarre, saisit au collet les deux principaux combattans, et après quelques explications, il décida que le mari avait le droit de faire de sa femme ce qu’il lui plaisait même après sa mort ; Il le laissa alors aller, sans lâcher