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PROMENADE

n’étais pas alors de tres bonne humeur, et ainsi, elles étaient souvent remplies de traits de satyre assez originaux, sur les differentes situations où je m’étais trouvé ! — mais me disait quelques fois mon vieux juge, ceci est fort drôle, c’est fort original, cela fera rire tout le monde….. excepté nous ; je crois en vérité que vous ne devez pas faire aboyer les chiens, avant d’être hors du village :… et je corrigeais, je retranchais, jusqu’à ce qu’enfin la plaisanterie put le faire rire lui même.

Dans ce tems, on parlait de je ne sais quelle maudite expédition sur les côtes de France, dans laquelle des milliers d’émigrés avaient péri inutilement. Je résolus d’aller revoir mes amis, pour avoir du moins la douceur, de me plaindre en liberté, et de consoler ceux qui restaient.

Je fus me présenter à Berwick aux personnes qui m’y avaient accueilli lors de mon premier passage et je fus tres flatté, de voir qu’elles se rappellaient encore de moi.

Deux compagnies Anglaises, qui ont affermé la pêche du saumon de la Tweede ont des smacks, où petits vaisseaux très légers dans le port : Les uns ont des puits pratiqués dans le corps du batiment qui reçoivent l’eau de la mer : Ceux là apportent le saumon vivant jusqu’à Londres, mais il en périt beaucoup dans le chemin : dans les autres on le renferme dans des caisses de sapin, assez semblables à une bierre et on le couvre de glace ; il arrive à Londres tres bien conservé, quoique là distance par mer soit de plus de quatre cent milles. Les propriétaires pour profiter de ce voyage qu’ils sont obligés de faire reçoivent des passagers à bord qui sont assez