de cette baye suffit presque, pour faire connaitre qu’elle est remplie de sables. Je me fuis arrêté, entre Ballina et Killala pour voir les ruines considérables d’une Abbaye, à deux milles de cette derniere ville : il parait qu’il y avait dans cet endroit un collége et quelques autres établissemens publics ; le clocher est parfaitement bien conservé, et comme dans toutes les Abbayes de cette isle, il est placé au milieu de l’église entre la Nef et le Chœur ; cet endroit est encore un des lieux où les habitans viennent faire leurs dévotions et se promener autour des murailles. Il y a aussi une sainte fontaine, mais on voit évidement qu’elle n’a pas été faite par la Nature, comme les autres : n’en déplaise aux dévôts, elle a l’air de toute autre chose ; c’est un petit cabinet de quatre à cinq pieds de large, sur le derriere des bâtimens et situé sur le courant d’un ruisseau qui les traverse. J’ai vu plus d’un cabinet de ce genre où l’on ne se mettait pas à genoux : mais, n’importe, l’eau du ruisseau est pure.
Les bords de la riviere qui sort du lac Conn sont tres pittoresques et couverts de maisons charmantes. En me rendant à Scuramore chez Mr Nisbet je vis un grand fort rond, tel que ceux que j’ai décrit. Le soutérrain (qui est dans tous, à ce que je m’imagine) était assez grand dans celui-cy pour que les bestiaux s’y retirassent pendant la chaleur du jour. Plusieurs s’y étant cassé les jambes et ayant obligé les paysans de venir de loin pour les chercher : ils en ont comblé l’entrée avec des pierres et de la terre.
Il avait fait la nuit un temps du diable : tous les chemins étaient remplis d’eau: c’était apparemment afin que je pusse