Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/328

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En dépit de la pluye, je me rendis à Drogheda et vis au milieu des montagnes arides, qui séparent cette ville de Dunleer, une de ces tours rondes à quelque distance dans la campagne ; celle-cy est très élevée et parait tres bien conservée. Un bon humain aussi par un principe de bienveillance, avait mis une inscription au dessus d’une source : this is a spring of water, lisait-on en gros caracteres sur une perche, semblable à celles pour indiquer la route ; si c’eut été a spring of whisky, me dis-je, ce serait plus rare et certainement plus fréquenté.

Drogheda était autrefois tres fort : à présent c’est une ville d’un commerce assez florissant ; la situation en est fort agréable. J’y serais certainement resté quelque tems, mais malheureusement comme les personnes à qui j’étais recommandés n’étaient pas en ville et que je n’ai pas l’art de causer avec les murailles, ainsi que la plupart de mes confreres les voyageurs de profession, je crus à propos de décamper.

Je remontai la Boyne, qui traverse la ville. On fait que ce fut sur les bords de cette riviere, que la fortune du Roi Jacques fut totalement décidée ; ses partizans l’accusent d’avoir perdu cette bataille par la même faiblesse, qui lui avait fait perdre le thrône : il s’enfuit longtemps avant qu’elle ne fut décidemment perdue : quelques jours après, ses géneraux en donnerent une seconde, et réussirent à faire leur retraite à Limerick. Ce fut avec un plaisir mêlé de refléxions sombres, que je traversai ces lieux témoins des hauts faits du siecle passé. Un paysan me montra les