Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/39

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bourse, sa femme, sa fille où son vin. à Dublin en revanche, on rend cela assez passablement à l'étranger, et l'on est ce qu'ils appellent shy à le recevoir : on dirait que ces bonnes gens se rappellent leur tours de jeunesse.

On ne connait gueres d'autres sociétés, que ce qu'on appelle des routs où qu'avec plus de raison j'appellerais déroute, c'est à dire, que lorsque la maison peut contenir vingt personnes, on en invite soixante, ainsi de suite : j'ai vu de ces routs où depuis le vestibule jusqu'au grenier, toutes les salles étaient pleines de belles dames bien parées, qui sont si serrées les unes contre les autres qu'à peine elles peuvent se remuer et ne se parlent qu'avec l'éventail. Un étranger a quelques raisons d'être embarrassé dans ces assemblées trop brillantes, car il peut y voir plus de femmes rééllement charmantes, que dans bien des villes : il pense seulement que c'est grand domage de leur voir ainsi perdre dans les escaliers, un tems qu'elles pourraient passer plus agréablement avec un petit nombre d'amis, qui sauraient les apprécier.

Les gens riches dépensent presque tous, plus que leur revenu, et ainsi sont toujours obligés d'avoir recours à des expédients ruineux pour soutenir leur dépense : dans les pays plus fréquentés de l'Europe, cette prodigalité, est loin de faire tort à la société, en ce qu'elle encourage tous les arts et les talents qui servent à rendre la vie agréable ; en Irlande cela produit un effet tout à fait contraire et leur ôte la vie, parceque les fantaisies qui les ruinent, ne sont pas le produit du pays et qu'ainsi les beaux arts restent sans