Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/78

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se trouvant frustré dans ses espérances, aurait fini par piller les maisons du voisinage pour y trouver de quoi vivre. Il y a toujours une garde de vingt ou trente hommes dans un petit village à quelque distance et une sentinelle sur l’endroit même, pour empêcher qui que ce soit d’y travailler.

Reste à savoir à présent, s’il serait avantageux ou non, d’exploiter ce terrein.

Le gouvernement ne peut pas toujours avoir une garde dans cet endroit et il est certain, qu’aussitôt qu’elle l’aura quittée, les paysans reviendront y travailler, fut-ce dans mille ans. Supposé qu’on y travaillat, le profit qui pourrait en résulter pour le gouvernement, ne peut guères se mettre en ligne de compte, car je suis bien convaincu que les frais seraient beaucoup plus considérables, à moins que l’on employat, des esclaves à cet ouvrage, (comme dans les mines du Perou) sur qui l’on éxerçat tous les raffinemens possibles de cruautés ; sans cela, toutes les fois qu’un ouvrier se baisserait, on pourrait le soupçonner de voler et la facilité qu’il aurait à le faire, l’y engagerait vraisemblablement. Il faut cependant qu’on s’en occuppe, afin de ne pas laisser un appât aussi tentant à la misere et prévenir le désordre qui pourrait en résulter.

Après avoir satisfait ma curiosité, je fis dans le voisinage un diner frugal de pommes de terre et d’eau ; puis revenant à l’Est, je me rendis à Arklow, où je fus reçu avec bonté par le révérend Mr. Bailly recteur de la ville : il eut la