Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/95

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tous les acteurs, qui avaient paru dans la pièce, de se présenter et de le chanter en chorus. On cria : à bas les chapeaux, avec une fureur singuliere contre ceux qui les avaient oubliés sur leur tête. Un bon humain avait été tellement intérréssé dans le premier acte qu’il s’était endormi sur un banc ; on avait beau lui crier : à bas le chapeau, il ne bougeait pas ; un soldat se leva tout-à-coup et vint lui donner un grand coup de poing sur la tête en lui arrachant son chapeau qu’il jetta dans le parterre ; le pauvre diable qui était peutêtre au milieu d’un beau rêve, fort surpris de se voir réveiller de la sorte se mit à hurler d’une maniere épouvantable, à la joye inéxprimable du parterre et des loges.

J’avoue que cet acte de violence me parut trop semblable à quelques uns que j’avais vus sur le continent pour me faire rire ; pourquoi vouloir mêler la politique aux amusemens publics et surtout après avoir eu déjà une fois cet air favori, que j’admire autant que qui que ce soit, pourquoi intérrompre les scênes et detruire entierement l’illusion théatrale en forçant tous les acteurs d’une pièce à paraitre à la fois et dans les habits propres aux rôles qu’ils vont jouer ? . Si cet article déplaisait à quelques personnes, j’en serais faché, c’est bien loin de mon intention : je crois que quand on est dans un endroit public, on est obligé de se conformer au gout général, et je regarderais comme une sottise méritant correction de ne le pas faire : si cependant le gout général était d’être tranquille, je le croirais préférable.

J’avais deux lettres de Mr. Burton Connymgham, pour le voisinage de cette ville ; je crus devoir faire savoir au Marquis