Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/98

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faire des réflexions, et de me rappeller que j’étais fatigué : je crus à la fin devoir retourner au village et tâcher de m’y loger quelqu’autre part qu’à l’auberge ; je rencontrai le prêtre de la paroisse ; je lui parlai, mon accent étranger le détermina à m’éconduire charitablement. Ce village ressemble assez, à celui où la fable nous apprend que Jupiter et Mercure vinrent demander l’hospitalité, et furent refusés à toutes les portes ; à la fin comme eux, je sortis du village et j’apperçus sur la route, au coin d’un fossé une misérable cabane, l’asyle effrayant de la pauvreté la plus abjecte ... je me présentai ; une vieille femme une autre Baucis couverte de hâillons, m’ouvrit la porte ; je dis que j’étais un pauvre voyageur égaré, . fatigué ... on me fit entrer, on m’offrit tout ce qu’il y avait dans la hutte ... quelques pommes de terre, le produit des aumônes du jour.

Une demie douzaine d’enfants presque nuds étaient couchés sur quelques brins de paille, pêle-mêle avec le cochon, le chien, le chat, deux poules et un canard : je n’avais de ma vie vu un spectacle aussi hideux. Cette pauvre femme me dit que son mari était matelot, qu’il y avait trois ans passés qu’il s’était embarqué et que depuis, elle n’en avait pas entendu parler.

Elle étendit une natte sur un coffre, qui était le seul meuble de la maison et m’invita à m’y reposer .... il pleuvait à verse, je ne savais où aller, je me plaçai sur ce lit de douleur. Les animaux saluerent de leurs cris, les premiers rayons du soleil et se mirent en quête de toutes parts, pour assouvrir leur faim dévorante. La nouveauté de la situation