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crurent que j’étais de ce pays, et, le lendemain, le mandarin me demanda si j’étais Chinois.

« — Non, lui répondis-je, je suis Coréen. »

« N’ajoutant pas foi à mes paroles, il me dit :

« — Dans quelle province de la Chine êtes-vous né ?

« — J’ai été élevé à Macao, dans la province de Kouang-tong ; je suis chrétien. La curiosité et le désir de propager ma religion m’ont mené dans ces parages. »


Le Père André Kim.
« Il me fit reconduire en prison. Cinq jours après, un officier subalterne, à la tête d’une escouade de satellites, m’emmena à Hai-tsou, métropole de la province. Le gouverneur me demanda si j’étais Chinois. Je lui fis la même réponse qu’au mandarin de l’île. Il me fit une foule de questions sur la religion. Je profitai avec empressement de l’occasion et lui parlai de l’immortalité de l’âme, de l’enfer, du paradis, de l’existence de Dieu et de la nécessité de l’adorer pour être heureux après la mort. Lui et ses gens me répondirent :

« — Ce que vous dites là est bien bon et très raisonnable ; mais le roi ne permet pas d’être chrétien. »

« Ils m’interrogèrent ensuite sur bien des choses qui pouvaient compromettre les chrétiens et la mission. Je me gardai bien de leur répondre.

« — Si vous ne nous dites la vérité, reprirent-ils d’un ton irrité, nous vous tourmenterons par divers supplices.

« — Faites ce que vous voudrez. »

« Et courant vers les instruments de torture, je les saisis et les jetai aux pieds du gouverneur en lui disant :

« — Me voilà tout prêt ; frappez, je ne crains pas vos tourments. »