Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/274

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vêtements, me lièrent les mains et me frappèrent de nouveau. Ensuite m’accablant de sarcasmes, ils m’entraînèrent vers le tribunal, où s’était déjà rassemblé une grande foule.

« Le mandarin me dit :

« — Êtes-vous chrétien ?

« — Oui, je le suis, lui répondis-je.

« — Pourquoi, contre les ordres du roi, pratiquez-vous cette religion ? Renoncez-y.

« — Je pratique ma religion parce qu’elle est vraie. Elle enseigne à honorer Dieu et me conduit à une félicité éternelle. Quant à l’apostasie, inutile de m’en parler. »

« Pour cette réponse, on me mit à la question. Le juge reprit :

« — Si vous n’apostasiez, je vais vous faire expirer sous les coups.

« — Comme il vous plaira, mais jamais je n’abandonnerai mon Dieu. Voulez-vous entendre la vérité de ma religion ? Écoutez : le Dieu que j’adore est le créateur du ciel et de la terre, des hommes et de tout ce qui existe. C’est lui qui punit le crime et récompense la vertu. D’où il suit que tout homme doit lui rendre hommage. Pour moi, ô mandarin, je vous remercie de me faire subir des tourments pour son amour. Que mon Dieu vous récompense de ce bienfait, en vous faisant monter à de plus hautes dignités ! »

« À ces paroles, le mandarin se prit à rire avec toute l’assistance. On m’apporta ensuite une cangue longue de huit pieds. Je la saisis aussitôt et je la posai moi-même à mon cou, aux grands éclats de rire de tous ceux qui étaient présents. Puis on me jeta en prison avec deux des matelots qui avaient déjà apostasié. J’avais les mains, les pieds, le cou et les reins fortement liés, de manière que je ne pouvais ni marcher, ni m’asseoir, ni me coucher. J’étais, en outre, oppressé par la foule de gens que la curiosité avait attirés auprès de moi. Une partie de la nuit se passa pour moi à leur prêcher la religion. Ils m’écoutaient avec intérêt et m’affirmaient qu’ils l’embrasseraient si elle n’était pas prohibée par le roi.

« Les satellites ayant trouvé dans mon sac des objets de Chine,