Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les morts. Ceux qui alors font la levée du corps et se mettent en route, malgré la défense, soit parce qu’ils l’ignorent, soit parce qu’ils espèrent passer en contrebande, soit enfin parce que le jour du convoi a été fixé par les devins et ne peut être changé, sont impitoyablement arrêtés aux portes de la ville. Comme ils ne peuvent retourner chez eux avant l’enterrement, ils doivent demeurer à la pluie, eux et les cercueils qu’ils portent, souvent pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que le retour de la sérénité fasse lever la prohibition.

Quelquefois, dans les grandes calamités, comme au temps du choléra, les particuliers se cotisent ou font des quêtes pour fournir aux frais de sacrifices plus nombreux, et le roi, de son côté, cherche à apaiser le courroux du ciel en accordant des amnisties partielles ou générales.

Outre ce culte officiel du Siang-tiei ou du ciel, le gouvernement entretient à la capitale un temple et fait offrir régulièrement des sacrifices au Sia-tsik.

« J’ai souvent demandé, écrit Mgr Daveluy, ce qu’est ce Sia-tsik. »

Les réponses sont fort obscures.

La plupart prétendent que Sia est le génie de la terre, et Tsik l’inventeur de l’agriculture en Chine, placé aujourd’hui parmi les génies tutélaires. Quoi qu’il en soit, le peuple ne s’occupe guère du Sia-tsik, et dans les provinces on ignore et son nom et son culte. Mais, à la capitale, son temple est ce qu’il y a de plus sacré ; le temple où l’on conserve les tablettes des ancêtres de la dynastie régnante ne vient qu’en second lieu.

La partie principale de la religion des lettrés, la seule que connaisse et pratique fidèlement l’immense majorité de la population, est le culte des ancêtres. De là l’importance des lois sur le deuil, sur le lieu où doivent être placés les tombeaux, et sur la conservation dans chaque famille des tablettes des parents défunts. À propos des funérailles royales et des devoirs de parenté, nous avons déjà donné des détails sur le deuil et sur les tombeaux des rois ; voici maintenant, pour compléter, quelques notions sur les sépultures ordinaires et sur les tablettes.