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le côté, on pratique des trous par lesquels doit entrer l’âme. La tablette, placée dans une boîte carrée, se conserve, chez les riches, dans une chambre ou salle spéciale ; chez les gens du peuple, dans une espèce de niche, au coin de la maison. Les pauvres font leurs tablettes en papier. Pendant les vingt-sept mois du deuil, les sacrifices se font tous les jours devant ces tablettes. On se prosterne le front dans la poussière, on offre divers mets préparés avec soin, du tabac à fumer et de l’encens. Après le deuil, on continue à offrir ces sacrifices plusieurs fois par mois, à des jours fixés par la loi et l’usage, soit devant les tablettes, soit sur le tombeau. À la quatrième génération, on enterre les tablettes et le culte cesse définitivement, si ce n’est pour les hommes extraordinaires, dont les tablettes se conservent à perpétuité.

Outre ce culte des ancêtres commun à tous les Coréens, les lettrés et les nobles ont celui de Confucius et des grands hommes, auxquels ils offrent des sacrifices dans des temples spéciaux, non pas qu’ils les regardent comme des dieux, mais parce que, dans leur opinion, ils sont devenus des esprits ou génies tutélaires. Mais qu’entendent-ils par là ? il est difficile de le savoir. « Dans ce pays, écrit Mgr Daveluy, on n’a pas de notions exactes sur la distinction de l’âme et du corps, ni sur la spiritualité de l’âme. Les mots hon, sin, lieng, etc., consacrés dans nos livres chrétiens pour désigner l’âme et sa nature, ne sont appliqués par les païens qu’aux esprits ou génies, et aux âmes des défunts. Un païen assez instruit d’ailleurs, à qui je disais que chaque homme a une âme, ne voulut pas l’admettre. « Pour nous autres, disait-il, ce qui nous meut et nous anime se dissipe avec le dernier souffle de la vie ; mais, pour les grands hommes, ils subsistent encore après leur mort. » Parlait-il de leur âme, ou prétendait-il qu’ils étaient transformés en esprits ou génies ? Je l’ignore, et lui-même ne le savait pas. » Dans chaque district, se trouve un temple de Confucius. Ce sont de petits bâtiments assez beaux pour le pays, avec de vastes dépendances ; on les appelle hiang kio. On ne peut passer à cheval devant ces temples, et des bornes, placées aux extrémités du terrain consacré, marquent l’endroit où il faut