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bouddhistes eux-mêmes, avouent que dans quelques générations il ne restera de leur culte qu’un souvenir.

Les pagodes bouddhiques, bâties dans le genre chinois, n’ont généralement rien de remarquable. Le sanctuaire où se trouve la statue de Fô est assez étroit ; mais il est toujours entouré de nombreux appartements qui servent aux bonzes de demeures, de salles d’étude et de lieux de réunion. Du plus grand nombre il ne reste que des ruines. Ces pagodes sont d’ordinaire situées dans les montagnes, dans les déserts, et souvent le site en est admirablement choisi. Pendant l’été surtout, les lettrés s’y réunissent pour se livrer à l’étude et aux discussions littéraires. Ils y trouvent la tranquillité, la solitude, le bon air ; et les bonzes, moyennant une légère rétribution, leur servent de domestiques.

Ces bonzes sont maintenant presque sans ressources. Ils sont obligés, pour vivre, de mendier ou de se livrer à divers travaux manuels, tels que la fabrication du papier ou des souliers. Quelques-uns cultivent de petits coins de terre appartenant aux bonzeries. Par suite du discrédit où est tombée leur religion, ils ne peuvent que difficilement se recruter, et ont dû abandonner toute espèce d’études. Ceux qui se font bonzes aujourd’hui sont pour la plupart des gens sans aveu, qui cherchent un refuge dans les pagodes, des individus qui n’ont pas pu se marier, des veufs sans enfants qui ne veulent pas ou ne peuvent pas vivre seuls, etc. Le peuple les méprise, les regarde comme des querelleurs, des charlatans, et des hypocrites ; néanmoins, par habitude, peut-être aussi par une certaine crainte superstitieuse, on leur fait assez facilement l’aumône.

On trouve aussi, comme dans tous les autres pays bouddhistes des bonzesses, vivant ensemble dans des monastères, non loin des pagodes, où il leur est interdit de résider. De même que les bonzes, elles sont tenues à garder la continence.

Tel est, en Corée, l’état actuel de la religion de Confucius et de celle de Fô. Ces deux doctrines, comme on l’a remarqué bien souvent et, selon nous, avec beaucoup de justesse, ne sont au fond que deux formes différentes d’athéisme. De leur coexistence légale, de leur mélange nécessaire dans l’esprit d’un peuple qui