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parents et de leurs amis, fut bientôt suivi d’un grand nombre. La vérité se répandit de proche en proche ; les nouveaux disciples, devenus apôtres à leur tour, annonçaient à tous la bonne nouvelle avec la double autorité de leur noblesse et de leur grand renom de lettrés et de savants.

Parmi ceux qui furent baptisés par Xavier Kouen, était un jeune homme venu de la province de Naï-po pour étudier sous un si savant maître. Après avoir reçu de lui, avec le bienfait de la science, celui de la religion, Louis de Gonzague Ni, le nouveau converti, partit aussitôt pour travailler à la conversion de sa propre famille et de ses concitoyens de Naï-po. Ainsi fut fondée dans cette province une belle chrétienté qui devait plus tard s’illustrer par sa ferveur et le grand nombre de ses martyrs. Comme l’étincelle dans la paille, la nouvelle doctrine faisait de rapides progrès, et en peu de temps gagna toutes les provinces voisines de la capitale, suscitant partout de vives oppositions, mais trouvant aussi partout la sympathie des âmes droites.

Dieu permit en ce temps que la religion annoncée par ces zélés néophytes fût en butte à de violentes contradictions, pour montrer à ceux qui réfléchissaient que cette œuvre n’était point de l’homme, mais la sienne. L’arbre de la foi, dès qu’il a pris racine, a besoin, pour grandir et se développer rapidement, d’être secoué et agité par le vent des persécutions. Alors seulement il enfonce plus profondément ses racines dans le cœur des peuples et défie la fureur des passions des hommes.

À la cour on avait parlé déjà depuis longtemps de la nouvelle religion. Le roi assis alors sur le trône de Corée aimait beaucoup les lettres et la science ; aussi, bien qu’il fût très attaché aux superstitions nationales, il n’avait pas voulu cependant condamner le christianisme sans aucun examen. Mais en Corée, plus que dans d’autres pays même civilisés, le roi n’a d’autorité que celle que lui laissent de tout-puissants ministres ; aussi de la cour partent souvent des ordres qui sont loin d’être l’expression de la volonté royale.

Dès le début, plusieurs grands personnages avaient disputé avec Piek-i et ne s’étaient pas tirés avec honneur des arguments