Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sujet et tributaire de l’empereur ; le refuser, c’est se mettre en insurrection ouverte. Jamais les rois de Corée n’ont osé se passer du calendrier impérial ; mais pour sauvegarder leur autorité vis-à-vis de leurs propres sujets, et se donner un certain air d’indépendance, ils affectent d’y faire quelques changements, plaçant les longues lunaisons (celles de trente jours) à des intervalles différents, avançant ou retardant les mois intercalaires, etc., de sorte que les Coréens, pour connaître les dates civiles et l’époque des fêtes officielles, sont forcés d’attendre la publication de leur propre calendrier.

Au reste, les empereurs chinois, en habiles politiques, ménagent les ressources et les susceptibilités du gouvernement coréen. Ils reçoivent les tributs mentionnés plus haut, mais ils font en échange des présents annuels aux ambassadeurs coréens et aux gens de leur suite ; ils envoient à chaque nouveau roi un manteau royal et des ornements de prix. De même, ils ont le droit de demander à la Corée des subventions en vivres, munitions et soldats ; mais ils n’en usent presque jamais, et surtout, quoiqu’ils le puissent, à la rigueur, d’après la lettre des traités, ils ne se mêlent en rien de l’administration intérieure du royaume. La dynastie des Ouang (mongole) intervint autrefois à diverses reprises, pour faire ou défaire les rois de Corée, et à cause de cela son souvenir est exécré dans le pays. Les Ming, plus sages, traitèrent les Coréens en alliés, plutôt qu’en vassaux ; ils envoyèrent une armée au secours du roi de Corée lors de la grande invasion japonaise, et aujourd’hui encore l’affection et la reconnaissance du peuple coréen leur sont acquises, à ce point que l’on conserve précieusement divers usages contemporains de cette dynastie, quoiqu’ils aient été abolis en Chine par les empereurs mandchoux. Ces derniers ne sont pas aimés en Corée, et, sur les registres des particuliers, on ne date point les événements des années de leur règne. Néanmoins, leur joug n’est pas très lourd, et la pensée de le secouer ne vient à la tête de personne.

Depuis 1636, la Corée n’a eu de guerres ni avec le Japon, ni avec la Chine. Ce peuple a eu le bon sens de ne point renouveler des luttes trop inégales, et, afin de ne point tenter l’ambition de