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la persécution s’était un peu ralenti, des chrétiens dévoués leur donnèrent une sépulture plus honorable. Ils trouvèrent alors les corps des martyrs intacts et sans odeur, à l’exception de M. Huin, qui, dit-on, portait une légère trace de corruption.

Il y avait vingt ans que Mgr Daveluy travaillait en Corée. Depuis neuf ans il avait été sacré évêque d’Acône et coadjuteur de Mgr Berneux, auquel il succéda seulement pendant vingt-deux jours. Plein de zèle pour la mémoire des martyrs coréens, il avait, grâce à sa profonde connaissance de la langue, fait avec fruit et surtout dirigé d’immenses recherches sur leurs vies, leurs travaux et leurs souffrances. Il avait aussi composé et corrigé des livres de piété et achevé un dictionnaire latin-coréen, ouvrage très utile aux nouveaux missionnaires. Malheureusement, presque tout le fruit de tant de travaux fut anéanti dans un incendie.

Lorsque la nouvelle de ces faits parvint en France, tous les diocèses qui avaient l’honneur de compter les martyrs parmi leurs enfants se réjouirent de leur triomphe et le célébrèrent par des fêtes solennelles.

À Amiens, patrie de Mgr Daveluy, Mgr Mermillod, entouré du nonce et de dix-neuf archevêques et évêques, fut l’interprète éloquent des sentiments de l’admiration commune.

À Dijon, le même grand évêque chanta plutôt qu’il ne raconta l’héroïsme de M. de Bretenières, le jeune martyr « qui honorait plus sa patrie par sa mort glorieuse que par l’éclat d’une carrière brillante aux yeux du monde ».

Au Mans, Mgr Fillion, dans un langage d’une piété émouvante et douce, rappela les vertus de Mgr Berneux, dont il avait guidé les premiers pas sur les marches du sanctuaire.

Partout, les églises remercièrent les martyrs du nouveau fleuron qu’ils attachaient à leur couronne ; mais nulle part la reconnaissance ne fut plus touchante et la joie plus vive qu’au Séminaire des Missions étrangères, sans doute parce que nulle part on ne recevait de ces morts une gloire plus resplendissante et des grâces plus abondantes.

Les aspirants étaient en vacances à Meudon, dans la maison de campagne du Séminaire. Le soir, le supérieur leur annonça