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MM. FÉRON, CALAIS, RIDEL. — LA PERSÉCUTION. — EN MER. — DE CORÉE À TCHE-FOU

Trois missionnaires seulement restaient en Corée : Féron, Ridel et Calais. Les deux premiers purent se réunir et se cacher chez une pauvre mère de six enfants en bas âge. La famine régnait dans la contrée, et les chrétiens du hameau faisaient leur nourriture d’orge verte. Les proscrits ne pouvant tenir à ce régime, les néophytes mirent en commun leurs dernières ressources pour leur procurer deux boisseaux de riz.

M. Calais courut plus de dangers et fut arrêté deux fois comme suspect ; mais il réussit à s’enfuir sans qu’on eût constaté qu’il était Européen. Pendant huit jours il coucha dans les bois, vécut de fruits sauvages et de racines ; puis il quitta la montagne pour aller, malgré tous les dangers, prêcher dans la petite chrétienté de Soum-ba-Kol. Il eut la consolation de baptiser quelques païens, qui ne craignirent pas d’embrasser le catholicisme même en face de la mort ; car l’espoir des saintes victimes, qui avaient cru sauver les chrétiens de Corée par leur sacrifice, fut cruellement déçu. La persécution prit, en effet, une extension plus grande et un caractère plus rigoureux que les précédentes.

L’année 1866 ne vit que massacres, pillages, dévastations.

Les catholiques furent traqués en tous lieux, arrêtés en grand nombre, tantôt soumis aux plus épouvantables tortures et exé-