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résultat, en la bonté de Celui pour amour duquel plusieurs confrères vont s’exposer aux plus rudes labeurs et peut-être à la mort. »

Une première tentative, au mois de septembre 1875, ne réussit pas. Monté sur une jonque chinoise avec un de ses prêtres, M. Blanc, Mgr Ridel était parvenu au lieu du rendez-vous ; mais la barque coréenne qui devait venir le recevoir ne parut point. La jonque étrangère fut bientôt remarquée, elle essaya de fuir, on se mit à sa poursuite ; la situation devenait grave : à la côte, les satellites surveillaient scrupuleusement ceux qui débarquaient ; au large, la tempête grondait avec violence. Les éléments parurent moins redoutables que les hommes, le navire vira de bord et en quelques instants fut emporté avec une vitesse vertigineuse ; la mort était imminente, les missionnaires s’adressèrent à Celle que l’Église invoque sous le beau nom d’Étoile de la mer, et lui firent un vœu. Le vent tomba aussitôt, la mer redevint calme, et la jonque put regagner le port d’où elle était partie quinze jours auparavant.

Aujourd’hui une grande plaque de marbre, dressée dans une des chapelles de la basilique de Notre-Dame de Lourdes, rappelle à la fois le péril que coururent les missionnaires, leur confiance en Marie et le secours qu’ils en obtinrent. Ces tentatives, plusieurs fois réitérées et toujours sans résultat, ne découragèrent pas le vaillant évêque.

Enfin, Dieu exauça les désirs de Mgr Ridel. En 1876, il put faire entrer en Corée deux de ses missionnaires, et au mois de novembre de l’année suivante il eut l’ineffable consolation de les y rejoindre avec deux autres prêtres.

« Mais, hélas ! s’écrie-t-il, dans quel triste état j’ai trouvé cette pauvre mission ! Des milliers de fidèles ont disparu, victimes de cette cruelle persécution que nos chrétiens disent être la plus terrible de toutes celles qui ont sévi jusqu’ici. Les uns sont morts dans les tourments, égorgés, étranglés, etc. ; d’autres sont morts de faim, de froid, de misère ; d’autres, surtout les jeunes filles, ont été vendues comme esclaves et emmenées on ne sait où. Ceux que nous voyons sont dans le plus misérable état et pour le