Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

barquait à Tien-tsin sur la canonnière chinoise Ching-Haï. L’ambassadeur était accompagné du commodore Schuffeldt, qui devait poser les préliminaires du traité coréen-américain, et de M. Hughes, dont la mission était d’organiser le service des douanes dans plusieurs ports de la Corée.

Six semaines plus tard, le traité de commerce entre l’Amérique et la Corée était signé.

Le traité américain conclu, ce fut, en 1883, le tour de l’Angleterre ; ensuite l’Allemagne, l’Autriche, la Russie et l’Italie vinrent successivement réclamer le même avantage. Les délégués de ces puissances furent reçus avec les plus grands honneurs par le gouvernement coréen, qui s’empressa d’accueillir favorablement leur demande. Les négociations de la France présentèrent quelques difficultés.

La Chine étant suzeraine de la Corée, les délégués des puissances étrangères, avant de traiter avec le gouvernement de Séoul, venaient à Pékin demander au Tsong-ly-yamen une lettre pour le Ma-tao-tay, commissaire chinois résidant à Séoul.

Celui-ci présentait alors aux Coréens, de la part de la Chine, les envoyés des délégations européennes, et leur faisait octroyer participation au traité américain.

Notre ministre à Pékin, M. Bourrée, délégua M. Dillon, consul français à Tien-tsin, et le pria de demander au Tsong-ly-yamen la pièce ordinaire pour le Ma-tao-tay ; mais le ministre chinois ne voulut rien donner, à moins qu’on ne s’engageât d’avance à ne pas parler de missionnaires aux Coréens.

M. Bourrée se rendit lui-même au Tsong-ly-yamen.

« Il ne s’agit pas de faire un traité avec la Corée, dit-il au mandarin. Quand on en sera là, je verrai ce qu’il y aura à faire. Pour le moment, il ne s’agit que d’une pièce que vous avez donnée aux légations. Ou vous allez me la donner ce soir, ou ce soir je télégraphie à mon gouvernement, »

La pièce fut accordée aussitôt.

Lorsque M. Dillon fit à In-tchyen les premières ouvertures pour obtenir un traité de commerce, les Coréens se récrièrent, disant que la France n’était pas dans les mêmes conditions que les autres