Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/94

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leur parlant des formules honorifiques, et nul n’oserait s’en dispenser, si ce n’est envers ses propres esclaves.

L’appartement des femmes est inviolable ; les agents de l’autorité eux-mêmes ne peuvent y mettre le pied, et un noble qui se retire dans cette partie de la maison n’y sera jamais saisi de force. Le cas de rébellion est seul excepté, parce qu’alors les femmes sont supposées complices du coupable. Dans les autres circonstances, les satellites sont forcés d’user de ruse pour attirer leur proie au dehors, en un lieu où ils puissent légalement l’arrêter. Quand un acheteur vient visiter une maison en vente, il avertit de son arrivée, afin qu’on ferme les portes des chambres réservées aux femmes, et il n’examine que les salons extérieurs ouverts à tous. Quand un homme veut monter sur son toit, il prévient les voisins afin que l’on ferme les portes et les fenêtres.

Les femmes des mandarins ont le droit d’avoir des voitures à deux chevaux, et ne sont point obligées de faire cesser, dans l’enceinte de la capitale, les cris des valets de leur suite, ce que doivent faire les plus hauts fonctionnaires, même les gouverneurs et les ministres. Les femmes ne font la génuflexion à personne, si ce n’est à leurs parents, dans le degré voulu et selon les règles fixées. Celles qui se font porter en chaise ou palanquin sont dispensées de mettre pied à terre en passant devant la porte du palais.

Lorsque les enfants ont atteint l’âge convenable, ce sont les parents qui les fiancent et les marient, sans les consulter, sans s’inquiéter de leurs goûts, et souvent même contre leur gré. De part et d’autre on ne s’occupe que d’une chose, la convenance de rang et de position entre les deux familles. Peu importent les aptitudes des futurs époux, leur caractère, leurs qualités ou leurs défauts physiques, leur répugnance mutuelle. Le père du garçon se met en relation avec le père de la fille, de vive voix s’ils demeurent dans le voisinage l’un de l’autre, par lettre s’ils sont trop éloignés. On discute les diverses conditions du contrat, on convient de tout ; on marque l’époque qui semble la plus favorable, d’après les calculs des devins ou astrologues, et cet arrangement est définitif.