Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/19

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O ma sœur ! et qui peut dans un rêve abusif
Retracer tous ces vits a mon esprit lascif !
Quel est cet étranger surgi sur notre côte ?
Dans mes palais nouveaux, quel est ce nouvel hôte ?
Quel port ! et quelle audace au milieu des combats !
Que sa bouche dit bien les exploits de son bras !
Un dieu, ma sœur, un dieu sans doute fut son père ;
Le creuset de la peur trahit qui dégénère,
Un lâche cœur débande à l’aspect du danger ;
Mais lui, quand le destin est venu l’outrager,
Qu’il s’est montré héros ! qu’aux champs de la victoire
Il a semé d’horreurs et moissonné de gloire !
Si je n’avais formé l’immuable dessein
D’interdire à mon lit le drap sacré d’hymen
Quand de leur noir ciseau les Parques meurtrières
Eurent coupé le fil de mes amours premières ;
Si ses tristes flambeaux ne m’étaient odieux,
Et si je n’eusse pas fait le serment aux dieux