Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/55

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Tu paieras ton crime, ingrat, et la nouvelle
En viendra jusqu’à moi dans la nuit éternelle.
Le récit de tes maux calmant mon déplaisir
Aux brasiers de l’enfer viendra me rafraîchir :
Heureuse des tourmens dont tu sera la proie,
Au séjour des douleurs je connaîtrai la joie.

La princesse à ces mots sent de son faible corps
Se détraquer soudain les fragiles ressorts ;
Et fermant au grand jour sa paupière affaissée,
Sur sa dame d’honneur tombe pâle et glacée ;
De ses femmes soudain un escadron trottant,
Accourt, et sur son lit la transporte et l’étend.

Malgré que le troyen sente au fond de son ame
Naître l’ardent désir de sonsoler sa dame,
D’adoucir les aigreurs de son jaloux dépit,
D’appliquer à ses maux le baume de son vit ;
L’ordre d’en haut l’entraîne ; il soupire, il sanglotte,
Maudit dieu, plaint Élise, et retourne à sa flotte.
Tout s’anime à sa vue, et mousse, et matelot,
Radoubée à demi, l’escadre est mise à flot,