Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/71

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Exhalant sous ses pas les parfums de son con ;
Quand la reine apperçut du haut de son balcon
Aux premiers feux du jour s’éclipser les étoiles,
L’escadre des troyens voguer à pleines voiles,
Le rivage désert et le port sans rameurs,
Elle emplit son palais de lugubres clameurs,
Lacérant son beau sein, arrachant la charmille
Du vivier où l’ingrat casernais son anguille :

« Il ira donc, dit-elle, et ce nouveau venu
Aura nargué mon con impunément foutu !
Dieu vengeur, et mon peuple, armé pour ma défense,
N’ira pas du pendart châtier l’insolence !
Courez, bravez les vents, les écueils et la mer ;
Portez sur ses vaisseaux ; et la flamme et le fer…
Que dis-je ? Ô ma raison quelle aveugle folie
Au vit d’un plat coyon vous attache et vous lie ?
Tu touches, malheureuse, à tes destins maudits,
Méconnus si long-tems, et si souvent prédits ;
Réflexion tardive ? à présent tu raisonnes ;
Il fallait raisonner quand tu donnois des trônes.
Le voilà donc cet homme en saint canonisé,
Pour s’être, sous son père et ses dieux, déguisé,